Martin Becka est un spécialiste et un expert des techniques pionnières de la photographie notamment celle de Gustave LE GRAY : le négatif papier ciré sec (1851). Cet ensemble d’images est le fruit d’une commande de la Médiathèque du Patrimoine et de la Photographie : donner carte blanche afin de photographier le lieu où l’on conserve les œuvres incunables du patrimoine depuis l’origine de la photographie. Il a ainsi réalisé des images à la chambre 20 x 25 cm, sur négatif papier vergé de faible grammage. Les images positives sont des tirages palladium par contact, quelques unes sont mixées avec d’autres techniques pigmentaires comme la gomme bichromatée.
Les images sont reproduites, au format réel, sur des papiers proches des originaux (couleur, texture, grammage) y compris l’aspect translucide des négatifs ce qui donne à l’ouvrage l’aspect d’un livre d’artiste.
[…] Sensible aux paradoxes temporels induits par les techniques primitives, toujours à l’affût du fantastique qu’un changement de regard peut faire jaillir du quotidien, Martin Becka est un passeur d’histoires qu’il fait monter dans les révélations du négatif papier ciré.
En 2022, la Médiathèque du patrimoine et de la photographie lui laisse carte blanche pour photographier le fort. Il arpente alors le site, dûment lesté de son attirail de calotypiste qu’il déplace inlassablement aux degrés de tous les escaliers, de douves en coursives, par les galeries et par les toits jusqu’à trouver le bon sujet, le bon point de vue. Le fort reste sur sa réserve, l’intrigue ; il doit s’en remettre à la chambre pour l’amener aux confidences. Le truchement fonctionne cette fois encore.
Le sujet apparaît d’abord à l’envers dans l’œil de la chambre, la réalité n’est déjà plus si tangible.
Dès lors, les murs s’élevant vers le sol, on pourrait aussi bien se trouver aux antipodes. [Extrait du texte de Anne Cook]