Construit en « deux temps et deux mouvements », cet ouvrage est le fruits de 17 voyages aux États-Unis entre 1996 et 2011.
Ni reporter, ni photojournaliste, héritier de la photographie de rue, Jean-Christophe Béchet considère qu’il ne faut pas abandonner le terrain du réel et du « documentaire subjectif » pris sur le vif au moment où tout pousse à la mise en scène, via le droit à l’image ou la retouche numérique.
Il adopte ici le point de vue du visiteur, du marcheur, traversant les espaces et suivant sa route pour la confronter à sa mémoire et la connaissance de ses grands ainés et maîtres à penser, tels Walker Evans, Lee Friedlander, Robert Frank ou encore Garry Winogrand en passant par les grands coloristes comme Eggleston ou Stephen Shore. Pour qui, également, le territoire du livre est un espace privilégié.
Il nous dit qu’on ne peut photographier les États-Unis sans référence ni modèle, cette idée constituait même sa thèse de fin d’études à l’École nationale supérieure de la photographie d’Arles. On recherchera donc, en exergues (en début et fin d’ouvrage/Prologue et Post scriptum), ces références qui ont fait l’histoire de la photographie et dont le plaisir est de retrouver les « clichés » comme une icône tricycle ou une vue de chambre d’hôtel (à Butte, Montana), des allusion à la littérature celle de Faulkner en particulier dont l’organisation du livre empreinte les deux chapitres/mouvements : « Le hameau » et « La ville ». Enfin, dans une allusion plus instantanée et contemporaine à la photographie, deux temps/séquences dans une critique de la vie moderne : « Une heure à Orlando » (Votre photo en une heure) et « Kodak City », un portrait de Rochester, ville mono industrielle dédiée à l’industrie de la photographie et aujourd’hui sinistrée, désertée, abandonnée, photographiée dans une ambiance jaune et rouge du logo de la célèbre marque.